Amis
lecteurs je voudrais vous inviter à chercher dans votre vie des moments de
réconciliation.
Le
monde nous parait souvent divisé, en
conflit. Dans nos familles, certains
ont vécu la guerre. D’autres parties du monde sont encore à feu et à sang. Pourtant la réconciliation existe,
sans elle comment pourrions-nous vivre ?
« La réconciliation n’est rien d’autre que la réparation
de l’amitié... La forme pronominale, se
réconcilier est employée non seulement vis-à-vis d’une personne mais
aussi par extension, avec soi-même : on n’est plus divisé, déchiré, mécontent
de soi » selon le dictionnaire.
C’est en famille déjà qu’elle s’exerce
: c’est sortir du mutisme quand on est
soi-même boudeur ou entouré de personnes portées à la bouderie, ce n’est
pas facile mais un geste, un mot, suffisent
parfois à faire sortir le boudeur de la prison où il s’est enfermé.
Il
arrive bien souvent dans nos familles que les ponts soient rompus avec certains de ses membres et que
plus personne ne soit capable de les
rétablir et parfois même d’expliciter
le motif de la division. Qui nous
aidera à en sortir ?
Ce retour à la vie, l’Eglise, à la suite du Christ, nous le propose à travers le
sacrement du pardon et de la réconciliation.
Elle nous offre ainsi l’occasion de prendre un nouveau départ dans notre relation à Dieu et à nos
frères. Elle nous permet de vivre dans le
présent et d’aller vers l’avenir. Elle nous aide à nous réconcilier avec nous-même, à nous accepter comme
des êtres faillibles, faibles souvent, mais désireux de nous améliorer.
Notre
vie personnelle et familiale est liée à celle de notre société et nous pouvons
nous remémorer les grands axes de réconciliation que nous y avons perçus.
Pour
nous, encore marqués par la deuxième guerre mondiale, avoir assisté à la
naissance de l’Europe née de l’opiniâtreté et du dévouement des grands
fondateurs dont Robert Schuman reste une figure lumineuse dans sa foi et son
humilité, la réconciliation de l’Europe a été
un bonheur que nous n’avons pas fini
d’apprécier.
J’aimerais parler aussi de l’œcuménisme.
Dans le village de mon enfance il y avait
l’église et l’école ainsi que le temple protestant et l’école
protestante, mais nous, les enfants
catholiques, nous n’avions aucun contact avec les enfants protestants.
Nous nous ignorions tout simplement et notre début de relation était la méfiance. Adulte, j’ai
découvert le protestantisme grâce à nos
voisins protestants, aux semaines de l’Unité et surtout de mon engagement à l’ACAT. Depuis des
années, à la Friperie, catholiques et
protestants oeuvrent ensemble. De
solides amitiés se sont créées.
Nous avons vécu aussi les grandes divisions
qui ont ravagé plusieurs parties du monde et les efforts de réconciliation de personnes charismatiques inspirées par leur foi ou la non violence à la manière de Gandhi. La fin de l’Apartheid avec Monseigneur
Desmond Tutu et Nelson Mandela en Afrique du
Sud, la lutte contre le racisme aux
USA avec le pasteur Martin Luther
King, les commissions de réconciliation mises en place dans certains
pays pour tâcher d’apaiser la haine et la vengeance entre des ethnies.
Beaucoup d’entre nous ont encore le souvenir de la joie et de l’amitié à la chute du mur de
Berlin en 1989 !
A
Sarreguemines, à l’invitation d’Amnistie International et de l’ACAT, nous avons pu entendre un grand
témoin de la non violence évangélique, Jean Gosse, membre avec son épouse
Hildegarde du Mouvement International de la Réconciliation,
le MIR créé en1923 ; Homme d’action et d’une grande énergie, il avait
complètement renoncé à la violence dans son œuvre
de paix et de justice, mais on sentait son immense détermination. Plus simplement, nous connaissons aussi
dans nos familles, au travail ou dans la
cité des moments de fête, où
s’exprime dans la bienveillance et la communication un climat de
réconciliation. Car c’est bien là finalement que se joue la réconciliation en
chacun de nous. Nous pouvons y contribuer
par une bonne parole, un sourire d’accueil, une attention.
« La réconciliation est une
disposition du cœur qui transforme le monde
»
Michèle
BUSCH